Je déménage!
Ouf... Après quatorze années au même endroit, et un nombre impressionnant de décennies à accumonceler des milliards, des kilomètres et des tonnes de choses, laissez-moi vous dire que... c’est quasiment plus éprouvant qu’une expédition dans une jungle aussi impénétrable qu’infestée de serpents venimeux, d’araignées grosses comme des pitbulls et d’orchidées mangeuses d’hommes. À vrai dire, je trouve qu’il y a une sorte de — oui, c’est bien le terme — de violence singulière dans le fait de devoir tout empaqueter et de s’arracher, pour ainsi dire, à la gravitation d’une maison où l’on a vécu un bon bout de sa vie, tour à tour heureux et triste, amoureux et solitaire —le meilleur et le pire, bref; une maison gracieusement hantée par le passage des amis, la cavalcade des chats, la silencieuse présence des nains de jardin.
Violence, également — mais Dieu sait qu'elle peut aussi être jubilatoire — dans le fait de JETER un max (ou... recycler, VA, wiwi, bien sûr!): d'objets inutiles (comme des millions de pots de mayo vides), défraîchis (comme un pot d'herbes de Provence datant des années 70) ou ayant juste, tout doucement, perdu leur sens au fil des ans («c'est qui, fichtre, ce X, qui m'écrivait «je taime» cet été là????? »)
En ce sens, déménager a évidemment quelque chose qui rappelle abruptement l’impermanence des choses selon les maîtres bouddhistes. Ça a aussi, bien entendu («mais où diable ai-je mis le dico français-azerbaïjanais? Ah, merde, j'ai rangé le blender, je ne pourrai pas faire de gazpacho ce soir...») quelqu chose d'un retour à l'informe du chaos primordial. («Merde... mon beau t-shirt sexy, emboîté lui-ausi... aaaargh... Comment vais-je pouvoir survivre sans lui encore un mois!!!!»)
Mais...
Mais pour avoir tout de même déménagé à quelques reprises dans ma vie, je sais aussi que le fait de changer de maison — que toute cette violence, en somme, est aussi l’une des plus prodigieuses sources d’énergie qu’on puisse imaginer; à mon avis, elle n’est peut-être surpassée que par le fait de tomber de nouveau en amour. Le fait de se débarrasser d’un tas de choses, par exemple, procure immédiatement (et, je dirais, de manière très tangible, à la manière des endorphines, lorsqu'on fait du conditionnement physique) une sorte de légèreté assez euphorisante et quasiment kunderienne; il et peut-être d’abord parce que cela crée de l’espace, «fait de la place» à du nouveau, à de l’inédit, ouvre l’avenir à de nouveaux possibles...
Retour au chaos ET refondation du monde...
Mais, tiens... pour m’assurer que vous m’avez pardonné les raretés de ma présence, chers et chères, vous m’honoreriez beaucoup et me feriez bien grand plaisir itou en me/NOUS partageant vos propres expériences-impressions-sentiments à propos des déménagements et des changements de décor...
Et... don't you worry: même si cette saison qui nous tient lieu d'été n'est sans doute pas la plus propoce à la blogculture, MJ sera de retour!