13.3.07

Au coin de la rue, euh... VII

Rue Saint-Denis, un peu au sud de Sainte-Catherine, juste en face de l'une des entrées du pavillon Hubert-Aquin de l'UQAM.

Immeuble résidentiel assez crade, défiguré par des vagues de réno cheap, mal entretenu depuis des lustres, avec un resto asiatique au rez-de-chaussée — et un nouveau, à droite, encore... inexploré.

Pas antipathique, le resto thaï, en revanche, et pas cher!

Ce fut, à la fin du 19e siècle, la maison de Napoléon Bourassa (wiwi, de la famille des Bourassa du Devoir, des rues et des stations de métro), beau-fils du grand Louis-Joseph Papineau.





Louis-Joseph Papineau qui, au 19e siècle, incarna la résistance patriote (quoique quand même assez BCBG...) au colonialisme britannique. Et dont l'intelligence (on la disait... «supérieure» — comme dans un dictionnaire des idées reçues d'Ambrose Bierce ou de Gustave Flaubert) marqua l'imaginaire de ses contemporains, au point d'avoir généré l'expression (que l'on entend encore aujourd'hui): «il ne faut pas la tête à Papineau pour»... (au choix: être participer à Loft Story, écrire dans le Journal de Montréal, être Isabelle Maréchal ou Patrick Lagacé. La liste pourrait être pas mal plus longue — je sais.)

Mais on n'est pas ici pour bitcher, chers blogteurs, alors, soyons sérieux, là. Et maintenant, regardez la frise sculptée, au dessus du portail d'entrée.



Bon, c'est pas celle du Parthénon, certes, mais, au moins, elle n'a pas été volée par lord Elgin, elle, et on y voit quand même des muses et d'autres... machins passablement tarabiscotés, là...


Les historiens d'art semblent même y retrouver des hints au Leonardo lui-même en personne — eh oui, le buste altier, les ailes, et tout, il semblerait que...

Dan Brown n'ayant jamais fait de recherche à Montréal, ne vous en tapez pas la lecture pour voir si ça s'y retrouve. (Ce buste ayant cependant les yeux fixés sur l'UQAM... attendez peut-être le Part II, on sait jamais...)

En attendant, regardez bien vers la gauche.

Oui, là.


Un des disciples du Napoléon en question, qui allait devenir le plus grand sculpteur «canadien-français» du 19e siècle, Louis-Philippe Hébert, y sculpta — les circonstances ne semblent pas vraiment connues, peut-être pour faire plaisir au prof, qu'est-ce qu'on ferait pas pour avoir de bonnes notes, parfois — une tête de l'illustre Papineau, beau-père du prof.



Les chiures de pigeons ne sont pas d'époque.


En fait, il semble bel et bien s'agir de LA (seule) tête à Papineau dont peut s'enorgueillir Montréal, la seule autre (si l'on exclut les moulages de musées) étant devant le parlement de Québec.

Et... c'est tout ce que ça vous fait???

6 commentaires:

Anonyme a dit...
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Anonyme a dit...

Bien sûr que ça m'émeut, cette tête à Papineau. Plus, elle me parle :

« Concitoyens,

Quand un peuple se trouve invariablement en butte à une suite d'oppressions systématiques, malgré ses voeux exprimés de toutes les manières reconnues par l'usage constitutionnel, par des assemblées populaires et par ses représentants en parlement après mure délibération; quand ses gouvernants, au lieu de redresser les maux divers qu'ils ont eux-mêmes produits par leur mauvais gouvernement, ont solennellement enrégistré et proclamé leur coupable détermination de saper et de renverser jusqu'aux fondations de la liberté civile, il devient impérieusement du devoir du peuple de se livrer sérieusement à la considération de sa malheureuse position, -- des dangers qui l'environnent, -- et, par une organisation bien combinée, de faire les arrangements nécessaires pour conserver intacts leurs droits de citoyens et leur dignité d'hommes libres.  »

Où sont nos tribuns allés ?

Merci MJ

Valérie-Ann a dit...

Je seconde Fredesk: merci de nous faire plonger dans ce que nous ne voyons plus nous-même. La curiosité et l'émerveillement n'est pas le propre de l'enfant, il est le propre de l'intelligence...

caroline.g a dit...

Y'a pas à dire, Mentana Jones est une source inépuisable d'émerveillement... urbain ! ;o) Je n'ose pas le dire trop fort, mais je prends des notes, et la prochaine fois que je monte à Mourial, je me fais un trajet "Mentana Road" ! :o)

Mentana Jones a dit...

Merci, ô blogteurs zet blogtrices bien aimés, de vos commentaires encourageants. Je veux dire: je me réjouis de trouver quelques personnes qui ont l'air de s'intéresser aux regards un peu... torves (mais... amoureusement torves mind you!!) que MJ jette sur cette ville par ailleurs aussi sale que transversale... Mais... peut-être faut-il justement la regarder d'un oeil un peu... crasse justement, pour qu'elle éparpille hardiment quelque chose de sa beauté - tel le lotus prenant racine dans le caca de pandas géants (fussent-ils nourris aux pousses de bambou hydroponique...), ou tel l'espérance de l'avenir faisant un pied de nez aux désespoirs du passé et aux mollesses du présent!!!

:)

Anonyme a dit...
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