28.1.07

Retour d'un show de danse

Je m'étais comme qui dirait vaguement (et, je le reconnais, assez imprudemment...) engagé à revenir sur LE show de danse de ce début d'année, au théâtre La Chapelle (voir billet du 18 janvier). Je me permets de rappeler la «proposition»:
R.A.F.T. 70
(Remembering and Forgetting Together)
Attentif à l’essor de l’improvisation et curieux de susciter un nouveau contexte de création, Andrew de Lotbinière Harwood (AHHA Productions) donne carte blanche à Marc Boivin, collaborateur de longue date. Seule prémisse: composer un événement porteur au passage de l’information entre les êtres, entre les générations, un souci de la pérennité et de la vitalité des choses.
J'y... fus, no doubt, comme un seul homme — mais en fait, pas du tout: avec, au contraire, une ou deux honnêtes délégations connues (plus au moins une autre personne de mon accointance, qui s'y présenta un autre soir). Comme quoi le blog de druide à druide de blog est parfois efficace.

Sauf que, en plus du fait que je ne souhaite pas ennuyer mes estimés blogteurs qui n'ont pas vu le spectacle, je suis bien sensible au fait que je suis totalement incapable d'en rendre compte de manière quelque peu compétente — pour ne pas dire simplement crédible: De unzio: j'ai toujours eu un gros faible pour l'inspirateur-concepteur du show — et c'est pas demain l'avant-veille que je vais me récuser! De deuzio: je ne connais que dalle dans cette discipline... Il a même fallu que tout le monde me rappelle que c'était annoncé comme un show d'impro pour que je m'en rende compte. Non mais... vous vous en rendez, vous?! Ce serait donc pour le moins gonflé de ma part de vouloir jouer les Frédérique Doyon...

Alors... je vais donc suppliquer ardemment mes vénérés blogteurs qui ont vu le spectacle de venir à la rescousse et, au moyen de leurs judicieux commentaires, d'enrichir les quelques propos qui suivent. Non mais, si les danseurs peuvent improviser... pourquoi pas nous itou!!!

Je le fais d'ailleurs avec d'autant plus d'enthousiasme que, parmi les zamis présents, y avait des durdedurs, là, qui, dès leurs années à la maternelle, réussissaient à trouver Pina Bausch déjà vu (en anglais dans le texte) et d'autres que c'était le tout premier show de danse contemporaine de leur jeune existence; certains avaient dû déjà voir évoluer Nijinsky live; d'autres regrettaient que le show soit déjà fini, et d'autres, encore, se demandaient pourquoi la fille courait comme une poule décapitée...

J'ai, pour ma part adoré me sentir dans l'énergie de cette «proposition» qui convoquait à la fois le thème de la mémoire et celui de l'oubli, mais en en fragilisant délibérément les contours, m'a-t-il semblé:
Pile on se souvient de tout, et face on oublie tout...

À moins que ce soir... l'inverse?!?
J'ai aussi toujours un peu de mal à dissocier l'impro de la menace/tentation d'un certain... cabotinage (comme disait Yvan Ponton, dans le temps, à la LNI). Ce n'est pas toujours désagréable, mind you, et... bon, peut-être qu'un radeau (r.a.f.t. ...), comme celui de la Méduse, c'est quelque chose qui doit forcément se permettre d'aller au moins un peu à la dérive?

Ceci dit, et pour parler comme Brel, cette fois, ça avait au moins l'avantage que... pendant que Bruxelles bruxellait, ben... les danseurs écoutaient beaucoup la musique avant de swinger leur compagnie... Ça, on ne voit plus souvent ça, je trouve, dans les shows chorégraphiés de manière trop... léchée. Et ça donnait souvent de fort beaux passages, très complices. Le duo/duel/dual core, entre le grand Marc et le menu (mais extrêmement présent) David Rancourt, notamment, c'était — mon Dieu, comment pourrais-je bien le dire... — comme de l'érotisme jubilant mâtiné de tendresse ludique, tout droit sorti de l'imagination fébrile d'un carme déchu — oups... déchaux!

C'est-à-dire: wow!!!!

Mais... non, caramba, j'ai pas trop compris moi non plus pour la fille qui courait comme une perdue, là... (Mais peut-être qu'il ne faut pas chercher midi à quatorze heures et que c'était juste une métaphore de nos vies de fous?) Je suis pas sûr d'avoir trippé fort, fort sur le traîneau à chiens et, si ça se trouve, mon... esthétique (ach so! wie seriös!) demeure décidément réticente à la verbosité sur une aire de danse. Pour pasticher l'empereur d'Autriche: trop de mots!

Mais, au-delà de ces quelques réserves, je persiste et signe: Marc B., c'est comme... Panpan:

c'est toujours le vainqueur...

7 commentaires:

Valérie-Ann a dit...

Je ne sais pas si je saurais apprécier ce style de spectacle, mais je sais apprécier votre façon de le décrire! Vous êtes, si je peux me permettre, un virtuose des mots, j'en suis jalouse... ;)

Mentana Jones a dit...

OK pour le compliment, VA, d'autant qu'un compliment, ça grandit d'abord toujours la personne qui l'offre.

Alors... merci, merci - mais...

... non ne soyez pas jalouse de ma... manière d'écrire. Je l'ai, bien sûr, un peu travaillée au fil de la... quarantaine d'années que j'ai de plus que vous, là... Alors... prenez soin de vous aussi, hmmm? Et, surtout, trouvez VOTRE manière... D'ailleurs, il me semble que vous vous y adonnez avec énergie, passsion et... pas mal de succès, de ce temps-là...

Me trompe-je???

Take care, VA... Et... tous mes voeux pour la gestion de votre queen size ce soir, si ça se trouve, épagneule, chats, hamsters et... HOMME compris...

Mais, si je peux me permettre, euh... ayez quand même une petite... euh... préférence pour ce dernier, tout compte fait, hmmm??

d;)

Valérie-Ann a dit...

Merci de vos bons voeux, MJ! Mais ne vous inquiètez pas mon mon Homme, si je peux me permettre, ma deuxième grossesse qui commence prouve bien qu'il n'est pas en reste! ;)

Anonyme a dit...

Assez nuancé, votre… compte-rendu.
Assez chaleureux pour faire regretter aux absents… leur absence. Assez brillant, comme la plupart de vos textes, pour faire regretter à tous de ne pas vous lire plus souvent dans «l'espace» public.
(Non, la Pythie ne flagorne jamais.)

Mais, comment se prépare un spectacle d'improvisation ? (ou !)

Hors du sujet, cher (si vous permettez) MJ, auriez-vous négligé les sentiers qui mènent à vos plus vieux collets ? Ou auriez-vous choisi de ne pas relever le butin ? Quand y a-t-il… prescription ?

Mentana Jones a dit...

Merci, ô P., de... ne jamais flagorner. C'est tout à votre honneur, cela va sans dire, et d'autant plus que ça inspirera éventuellement quelques-uns de nos amis blogteurs à aller consulter leur petit Bob. Tout profit, quoi...
J'ai tenté de m'amender un peu, là, depuis. En effet, la... «gestion» de la chose, as time goes by, n'est pas si... simple. Mais, considérant que le blog n'a même pas encore atteint les 3 semaines de ses grosseurs, mon Dieu...

Anonyme a dit...

En ce 3ième jour post-spectacle, il me rete l'étonnement devant le travail physique fourni par les danseurs, avec une sensualité qui laisse un goût de désir et de revenez-y. J'accepte de ne pas comprendre ce qui se passe sur la piste; mais le spectateur n'était pas que voyeur. Monsieur MJ, vous m'avez ouvert la voie d'un art différent. Les danseurs n'ont pas eu de feedback; croyez-vous qu'ils aient senti le silence lourd et solidaire de la salle?

Mentana Jones a dit...

Merde, Caramba, je n'avais même pas pensé à cet aspect des choses, qu'en nous faisant sortir de cette manière inhabituelle, les danseurs et leurs complices du show (musicienne, etc.) se privaient en effet — et délibérément — de nos applaudissements... Un peu troublant, non?? Zen ou... spartiate???
Ravi, en tout cas, de voir que vous avez apprécié le fait d'être ainsi exposée à une nouvelle expérience artistique. À... suivre???